Voronet:
Le Jugement dernier recouvre intégralement la paroi
occidentale sur cinq registres. Premier registre : A la fin du monde, les anges
enroulent le cours du temps, figuré par les signes du zodiaque. Les archanges
Michel et Gabriel, au centre, ouvrent les volets, faisant apparaître Dieu le
Père. Deuxième registre : Marie et Jean-Baptiste intercèdent auprès du Christ
trônant, sous les pieds duquel jaillit le feu qui va s'étendre dans les registres
suivants. Des deux côtés s'assemblent les apôtres et des anges. Troisième
registre : Au milieu, le trône, ou hétimasie, symbolise l'attente de la seconde
venue du Christ, au moment du Jugement dernier. Le Saint-Esprit, représenté par
une colombe, s'y est posé. De part et d'autre, Adam et Eve. Sous le trône, l'Évangile
et le calice. A l'extrême gauche, saint Paul exhorte prophètes, évêques et
martyrs à se diriger vers le trône. A droite, Moïse, tenant d'une main les
Tables de la Loi, désigne le trône à ceux qui ne connaissent pas la "vraie
foie" : juifs, Turcs et Tatars, Arméniens, latins. Quatrième registre : la
main divine tient la balance. Juste en dessous, un personnage nu attend son
jugement, qui l'enverra du côté où elle penchera, enfer ou paradis. Des anges
déposent sur un plateau des rouleaux de parchemin où sont notées les bonnes
actions du défunt. Des diables grimaçants s'agitent pour entasser sur l'autre
plateau la liste de ses péchés. A l'aide de tridents, les anges tentent de
repousser les démons. Des condamnés attendent d'être précipités dans la rivière
de feu, où, chose surprenante, on distingue un ange : il traîne par sa barbe
l'hérétique Arius, qui niait la divinité d Christ et provoqua l'un des premiers
schismes de l'Eglise (325). Sur la partie droite se développe la résurrection
des morts, qui se poursuit au registre inférieur. L'ange de l'Apocalypse sonne
la trompette, les tombes s'ouvrent, les animaux sauvages crachent les restes
des humains qu'ils ont dévorés. Un personnage féminin coiffé d'un sapin
symbolise la terre. Proche de l'ange et symbolisant la pureté, une biche semble
égarée dans cette assemblée de fauves. A l'opposé, sur la partie gauche, le
cortège des justes se déplace vers le paradis. Cinquième registre : Sous le
regard de l'archange, la porte du paradis s'ouvre à la procession des justes,
dont la multitude est suggérée par un foisonnement d'auréoles. Ils sont guidés
par Saint Pierre, qui tient la clé et guide Saint Paul. Non loin apparaissent
le premier empereur romain converti au christianisme, Constantin, et Elena, sa
mère, reconnaissables à leur couronne. Au paradis, de gauche à droite :
Abraham, Isaac, Jacob, qui tiennent les âmes sauvées dans des écharpes. Le bon
larron, crucifié en même temps que le Christ, se tient debout auprès du siège
où est assise Marie, entourée des deux archanges. Au milieu de la paroi, David
fait vibrer la cobza, sorte de luth encore utilisé en Moldavie. Il semble jouer
pour le personnage vêtu de blanc étendu à sa droite, qui représente la mort du
juste. De la bouche du juste s'élève une figurine blanche : son âme que l'ange
gardien va conduire au Jugement. David se désintéresse de la scène opposée, la
mort du pécheur attendu par le démon qui règne dans les flammes. Sur le reste
de la paroi se poursuit la résurrection des morts : la mer, symbolisée par une
femme, tient un navire et chevauche des poissons qui régurgitent des naufragés.